Actualité juridique pénale
Une vie entre les murs : le défi des longues peines de prison
Paris (AFP) – L’un ne veut plus sortir après près d’un demi-siècle en prison. Un autre multiplie les incidents et les années à l’isolement. Plusieurs ont replongé après leur libération. Des spécialistes des longues peines pointent la gestion complexe de ces détenus “sans espoir” et leur épineuse réinsertion.
“Pour pouvoir survivre, leur avenir n’est pas à 20 ou 30 ans, mais à dix ou quinze jours”, assure Damien Pellen, directeur du centre de détention d’Argentan (Orne), passé par les maisons centrales de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) et de Condé-sur-Sarthe (Orne).
Cinq, dix ou vingt ans? Il n’existe pas de définition de la longue peine, mais pour M. Pellen au-delà de “dix, douze ans, on sent une rupture avec l’extérieur. Il y a une telle évolution technologique, sociétale qu’ils sont complètement déconnectés quand ils sortent”.
Des études ont démontré que les effets psycho-sociaux d’une incarcération et la perte d’autonomie et de repères se ressentent dès cinq ans, rappelle Marie Crétenot, juriste à l’Observatoire international des prisons (OIP).
Les profils des longues peines – condamnés aux crimes les plus graves – sont aussi divers que les établissements qui les accueillent. Mais les maux d’une longue détention sont souvent les mêmes: distension du lien familial, sur-adaptation au milieu carcéral et anxiété à l’approche de la sortie.
Date: 24 août 2019
Titre: Nouvel Obs
Auteur: —–
Photo: Ren Ran / Unsplash
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