Actualité juridique pénale
Françoise Cotta, la défense sans limites
Françoise Cotta retrace dans un livre ses quarante années de barreau. L’avocate pénaliste de 69 ans y soutient l’idée que les monstres n’existent pas et que tout être humain a le droit d’être défendu.
Des pédophiles, des mères infanticides, des trafiquants de drogue, de lâches chauffards… Ce sont ces « déglingués » que Françoise Cotta, avocate pénaliste au barreau de Paris, a choisi de défendre devant les cours d’assises pendant trente-huit années et presque mille plaidoiries. « Même si cela ne s’est jamais présenté, j’aurais pu tout aussi bien être l’avocat d’un cannibale », affirme-t-elle sans ciller. Car Françoise Cotta est viscéralement convaincue que tout être humain a le droit d’être défendu. Une certitude qu’elle dit tenir de son père Jacques, lui-même pénaliste, résistant et maire SFIO (Section française de l’internationale ouvrière) de Nice, de 1945 à 1947.
Il est mort en 1971, alors qu’elle n’a que 20 ans ; elle ne l’a jamais vu plaider. Sur la foi des dires de confrères et d’habitués des cours d’assises, elle vante pourtant son « humanisme, son courage et sa défense intransigeante ». Comment ne pas y voir un idéal vers lequel elle tend depuis son accession au barreau en 1981 ? L’avocate commence par assurer, « avec passion », toutes les permanences possibles, notamment à la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris, celle des flagrants délits (devenu le système des comparutions immédiates).
Défendre n’est pas toujours acquitter
Ce qui l’attire plus particulièrement, ce sont les cours d’assises où les procès sont faits « de chair et de sang ». Au fil des années, elle défendra cet homme qui a kidnappé, violé et tué une jeune boulangère de 18 ans, cette mère qui a jeté son bébé encore vivant dans une poubelle. Mais aussi le gardien d’immeuble qui a prêté les clefs du local où Ilan Halimi fut assassiné ou encore le frère d’un des terroristes du Bataclan, revenu en France après un séjour en Syrie dans un camp d’entraînement de l’Etat islamique.
Il n’y a pourtant pas une once de fascination chez Françoise Cotta pour ceux qui commettent des crimes. « Je sais l’être humain fait de passions ; j’aime simplement en explorer les limites, précise-t-elle. Et je constate qu’il n’y en a quasiment pas. Et puis, prendre la défense de personnes que la société juge bien souvent monstrueuses représente une forme de défi. » Mais défendre, à ses yeux, ce n’est pas toujours faire acquitter.
Etre une femme avocat, un atout
Elle préfère d’ailleurs que son client reconnaisse les faits qu’il a commis car « c’est plus restructurant pour lui. Et je le défendrai de toute façon, qu’il soit innocent ou coupable ». A charge pour elle d’expliquer aux magistrats et aux jurés ce qui l’a amené à passer à l’acte. Le fait d’être une femme avocat (elle refuse la féminisation du titre) lui a toujours paru un atout de taille pour y parvenir.
« Il faut se comporter comme un homme, tout en sachant jouer d’une empathie dont les femmes sont peut-être plus capables », assure-t-elle. La vérité, et Françoise Cotta ne s’en cache pas, c’est qu’elle estime les femmes très supérieures aux hommes…
Date: 2 février 2019
Titre: grazia.fr
Auteurs: Christine Lamiable
Photo: © Nivière/SIPA
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