La dernière plaidoirie de l’avocat du cerveau présumé du trafic de drogue de la zup d’Auxerre s’est attaché à démonter, point par point, les trois années de travail des enquêteurs et l’année et demi d’instruction de ce dossier.
C’est un avocat parisien, surnommé l’avocat des rappeurs (*), Me Steeve Ruben qui défend les intérêts du cerveau présumé du trafic de drogue de la zup d’Auxerre. Après avoir entendu les réquisitions du substitut du procureur de la République, Me Ruben s’est replongé dans son dossier. Sur sa table, des dizaines de sous-dossiers sont consultés, annotés, raturés et surlignés. Mais il continue. Il ne s’arrête pas et n’écoute que d’une oreille distraite les plaidoiries de ses confrères de province. Lui, rentre dans son match.
Me Ruben, un avocat organisé pour faire tomber l’accusation
Le substitut du procureur a demandé six ans de prison à l’encontre de son client. Au retour de la pause déjeuner, Me Ruben prend la parole. Une voix forte et un débit continu qui résonne dans la grande salle de la cour d’assises, transformée depuis deux jours en tribunal correctionnel. Alors qu’il félicite le substitut du procureur pour son réquisitoire et « la qualité des échanges que j’ai pu avoir avec un véritable contradicteur », Me Ruben se chauffe. Depuis la veille, sur ses multiples dossiers étalés sur son bureau, il continue de souligner, surligner, annoter.
Désormais c’est son heure et ça commence fort : « Six ans pour mon client c’est beaucoup trop. C’est beaucoup trop parce qu’au cours des perquisitions, on n’a pas retrouvé un seul gramme de cocaïne, d’héroïne ou de cannabis chez lui ». Puis il prévient que, dans un autre dossier de stupéfiants, toujours à la ZUP d’Auxerre, un autre homme avait été condamné à sept ans de prison. La cour d’appel de Paris avait ramené la sentence à quatre années de détention. Et durant près d’une heure et quart, il poursuit en rappelant régulièrement ce fait au tribunal d’Auxerre qui reste impassible.
Me Ruben a un défi, diminuer la peine de prison requise à l’encontre de son client. Alors il s’y applique : « Utiliser les mathématiques et la physique pour démontrer que dans un sac, il y aurait de l’héroïne et non du tabac à chicha comme le soutien mon client, c’est bancal, adresse-t-il à demi-mot au procureur. Il n’y a pas eu de saisie ce jour là parce que le juge d’instruction était pris par les assises, et qu’un autre juge était indisponible. En conséquence vous n’avez pas la preuve. Le doute doit profiter à mon client ». Alors qu’il tente d’aider son client, l’homme démontre aussi les manques humains des juridictions. Avec plus de moyens, on peut imaginer que certaines procédures pourraient être approfondies.
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- Date: 5 mars 2020
- Titre: L’Yonne Républicaine
- Auteur: Olivier Ceyrac
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- Catégorie: Articles de presse