Les deux policiers de la Bac jugés depuis la semaine dernière ont été mis en difficulté ce mardi. Ils sont accusés d’avoir éborgné une mère de famille avec une grenade et blessé son fils avec un LBD.
« Il a été fait un usage disproportionné de la force. Le risque de dommage collatéral n’a pas été pris en compte ». Les conclusions de la commissaire de l’IGPN, la police des polices, sonnent comme un réquisitoire devant la cour d’assises de Paris où sont jugés en appel deux policiers de la Bac 93 (brigade anticriminalité). Le 25 juin 2013, dans la cité de la Sablière à Villemomble, Antoine S., 41 ans, avait dégoupillé une grenade de désencerclement (GMD) qui avait éborgné Fatouma Kébé, une mère de famille de 57 ans. Mickaël S. 39 ans, avait atteint son fils Mohamed avec un tir de LBD 40 (lanceur de balle de défense).
La charge est rude contre les policiers. « Quand j’entends ce récit, j’y vois un raccourci et une version simplifiée », déclare posément Mickaël S. qui livre une tout autre histoire. C’était la première fois que ce fonctionnaire encensé par son supérieur utilisait son « 40 ». Ce soir d’été, un appel de détresse est diffusé sur les radios. Les équipages partent dans la précipitation. Ils croient intervenir pour un banal refus d’obtempérer. Sur place Mickaël S. décrit une véritable situation de guérilla urbaine.
C’était un tir réflexe
« Je vois que mes collègues sont aux prises avec un quelqu’un et que ça tombe des étages ». Du verre s’écrase au sol puis un vélo d’enfant atterrit à sa gauche, se rappelle le policier. Une interpellation est en cours : celle de Makan Kébé. Mais il y a méprise et son frère Mohamed s’interpose. Il reçoit un coup de gazeuse, se replie, puis revient. Nouvelle méprise. Mickaël S. croit voir un homme armer son bras et ramasser une pierre. « C’est ce qui a motivé mon tir. C’était un tir réflexe », dit-il. La balle du LBD s’abat violemment sur l’oreille de Mohamed. Question du président : « Comment pouvez-vous identifier qu’il s’agissait d’une pierre ». Réponse de l’intéressé : « Je l’ai supposé ».
Car de pierre, il n’y en avait pas. Le jeune homme récupérait juste son vêtement. C’est ce que confirmeront les vidéos amateurs. « Comment se fait-il que vous n’avez pas cette perception ? », s’enquiert le président Laurent Raviot.
Entre les images projetées et analysées à froid dans la salle et le terrain il y a un monde. C’est ce que plaident les deux accusés. Notamment Antoine C. dont le tir serait responsable de l’infirmité de Fatouma Kébé. Ce fonctionnaire aguerri a passé 16 ans en Seine-Saint-Denis. Acquitté en première instance, il est aujourd’hui mis en difficulté et se tient sur la défensive.
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- Date: 10 mars 2020
- Titre: Le Parisien
- Auteur: Nathalie Revenu
- Photo: LP/DR
- Catégorie: Articles de presse