Les prisons françaises sont vidées de leurs détenus pour éviter une crise sanitaire. A Villepinte, une vingtaine de détenus ont été libérés. En priorité, les dossiers de stupéfiants.
Le tribunal judiciaire de Bobigny tourne au ralenti mais les cabinets des juges d’application des peines (JAP) sont en surchauffe. En lieu et place des dix JAP, deux magistrats se relaient pour faire face à cette nouvelle injonction de la chancellerie face à la propagation du coronavirus : libérer 5500 détenus dans toute la France.
Depuis dix jours, les demandes de mises en liberté s’accumulent sur leur bureau. Pour éviter la propagation du Covid-19 dans les prisons surpeuplées (174 % de taux d’occupation à Villepinte), une ordonnance de la garde des Sceaux encourage à libérer certains détenus en fin de peine.
« On nous demande d’en sortir beaucoup, reconnaît Ivan Guitz, JAP au tribunal de Bobigny. C’est une injonction paradoxale. On nous dit qu’il n’y a pas de danger pour les personnes, mais on demande de les sortir rapidement. »
Une première liste d’une vingtaine de noms a été dressée par les conseillers d’insertion et de probation dans les premiers jours, et une nouvelle cohorte va suivre. « Ce sont des détenus qui n’avaient plus qu’un reliquat de deux mois à exécuter », précise le magistrat.
Priorité aux plus fragiles
Maître Steeve Ruben a ainsi pu obtenir la libération de quatre clients « stups » sans trop de problèmes. « Cela fonctionne plutôt bien à Bobigny », apprécie l’avocat.
Les détenus à la santé fragile sont également regardés avec plus d’égard. Les avocats ressortent donc tous leurs dossiers « papys ». « Trouvez une adresse à vos clients de plus 65 ans, nous disent les magistrats. Car s’ils meurent du corona à Fresnes, ça ne sera pas tenable », lâche Me Philippe-Henry Honegger.
Mais à cette liste de candidats qui passent aisément la rampe, s’ajoutent des cas plus délicats. Me Steeve Ruben a réussi à arracher la remise en liberté de l’un de ses clients impliqué dans un retentissant dossier de tentative d’homicide. Mais le parquet de Bobigny a fait appel. « Les faits sont contestés par mon client et les victimes ne se sont pas manifestées », explique-t-il.
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- Date: 5 avril 2020
- Titre: Le Parisien
- Auteur: Nathalie Revenu
- Photo: LP/Arnaud Dumontier
- Catégorie: Articles de presse