Une bouteille en provenance de Martinique avait été interceptée au centre de tri postal de Chilly-Mazarin en octobre. Deux hommes, défendus par les avocats Ruben et Honegger étaient jugés ce jeudi par le tribunal correctionnel.
« Je ne comprends pas, je n’ai rien à voir avec tout ça. » Dans le box des prévenus ce jeudi soir, Johan, pull noir et fine moustache, nie en bloc. A ses côtés, Clément adopte une position similaire. « Je ne comprends pas pourquoi je suis ici », assure-t-il avec un fort accent créole.
Soupçonnés d’avoir fait acheminer des bouteilles de rhum remplies de cocaïne diluée dans l’alcool, ils ont finalement été relaxés jeudi soir par le tribunal correctionnel d’Evry.
Les deux trentenaires, tous deux originaires de Martinique et déjà condamnés à plusieurs reprises, comparaissaient pour trafic de stupéfiants.
2 738 g de cocaïne dilués dans l’alcool
Tout commence le 2 octobre 2018. Ce jour-là, les douanes interceptent un colis en provenance de Martinique au centre de tri postal de Chilly-Mazarin. A l’intérieur, de la nourriture et une bouteille de rhum. Classique donc… Sauf que 2 738 g de cocaïne sont retrouvés dilués dans l’alcool.
La destinataire est une certaine Laticha, résidant à Corbeil-Essonnes. Problème : ce nom n’existe pas. Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles s’intéressent à une adresse IP localisée à Corbeil-Essonnes qui s’est connectée 16 fois pour suivre l’avancée du colis. L’adresse est celle de la petite amie de Johan, qui est à l’époque placé en semi-liberté.
Un deuxième colis intercepté
C’est également grâce à cette même adresse que les enquêteurs font le rapprochement avec un deuxième colis, arrivé quelques mois plus tôt, en août 2018. A l’intérieur, une bouteille de rhum avec 3 kg de cocaïne à l’intérieur, également interceptée.
Dans le cadre de l’enquête, les policiers organisent également une perquisition, en janvier, dans un appartement de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Un logement que Johan a trouvé à son ami Clément, le second mis en cause. Les policiers mettent la main sur plus de 26 000 € en liquide et plusieurs téléphones. « J’avais vendu ma moto et j’avais des économies », justifie le locataire.
« Peut-on s’accrocher à une adresse IP ? »
Dans la foulée, les deux prévenus sont interpellés puis placés en détention provisoire. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à l’acheminement de cette cocaïne sous forme liquide. « Mais en avez-vous la preuve, si ce n’est un sentiment, une conviction ?, interroge l’avocat de Johan, Me Steeve Ruben. Peut-on s’accrocher uniquement à une adresse IP ? » Lui et son confrère Me Philippe-Henri Honegger plaident la relaxe pour leurs deux clients.
Pour la procureure, Anaëlle Louat, les preuves sont là. « Ces deux personnes n’ont pas été prises la main dans le sac ou plutôt la main dans le colis, ironise-t-elle. Mais il existe selon elle un « faisceau d’éléments » qui l’ont conduite à requérir 2 ans de prison ferme pour le premier prévenu, 8 mois ferme pour l’autre.
« Il y avait des éléments troublants dans le dossier mais pas assez pour caractériser les faits », ont finalement tranché les juges. Clément et Johan sont donc ressortis libres du tribunal.
Source : www.leparisien.fr
- Date: 14 février 2019
- Titre: Le Parisien
- Auteur: Pauline Darvey
- Photo: Le Parisien
- Catégorie: Articles de presse