Deux des trois agresseurs de Chaolin Zhang sont jugés à partir de ce vendredi devant la cour d’assises des mineurs de Seine-Saint-Denis. Trois jours d’audience à huis clos où les débats devraient notamment portés sur le caractère raciste de l’acte.
Aubervilliers, France
C’est un procès très attendu qui va débuter à huis clos ce vendredi à Bobigny. Celui de deux des trois agresseurs de Chaolin Zhang. Le dimanche 7 août 2016, ce couturier chinois de 49 ans a été agressé en pleine rue à Aubervilliers alors qu’il se rendait au restaurant avec un proche, lui aussi d’origine chinoise.
Les trois agresseurs, âgés de 15, 17 et 19 ans, en avaient après la sacoche de son ami. Chaolin Zhang est frappé au buste et dans sa chute, sa tête cogne un muret. Cinq jours plus tard, il décède à l’hôpital des suites de ses blessures. Son ami s’en sort avec sept jours d’ITT.
Les débats porteront en partie sur la question de l’acte raciste
Les deux prévenus les plus âgés, jugés jusqu’à mardi, reconnaissent l’agression. « Les responsabilités ont été clairement établies au cours de l’instruction, affirme Me Steeve Ruben, l’avocat du plus âgés des accusés (19 ans en 2016). Mais des questions juridiques vont se poser notamment pour savoir si le crime a été commis en raison de l’appartenance ethnique des victimes ».
Pour Me Calvin Job, qui défend la famille de Chaolin Zhang, cette circonstance aggravante est évidente. « Elle a été confirmée tant par les auditions des prévenus, que par l’audition du survivant. Bien que ne parlant pas bien français, il a entendu certains mots qui sont sans équivoque ». L’ami de Chaolin Zhang sera présent au procès pour témoigner, aux côtés de plusieurs membres de la famille du couturier.
C’est hors de propos », estime Me Ruben.
« Je n’imagine pas un seul instant, que dans ce qui a pu animer celui que je défends, il puisse y avoir un caractère raciste, répond Me Steeve Ruben. Ça me paraît vraiment totalement hors de propos. »
La cour d’assises à jusqu’à mardi pour se prononcer. Le troisième agresseur, âgé de 15 ans au moment des faits, a déjà été condamné en novembre 2017 à cinq ans de prison, dont trois avec sursis.
Dans le quartier, la crainte persiste
A Aubervilliers, dans le quartier des grossistes où travaillait Chaolin Zhang, beaucoup estiment que les agressions sont toujours courantes et ciblées. « Ça n’a pas vraiment évolué, confie un commerçant qui préfère rester anonyme. Il y a toujours des vols, des coups… ». Le téléphone à la main, il ajoute : « on en parle entre nous sur les réseaux sociaux. Dès qu’une agression se produit on la signale pour éviter d’autres victimes ».
Dans la rues des écoles, sur les lieux de l’agression, les habitants sont partagés. Ils ont noté le passage plus régulier de patrouilles de police, mais pour certains ça ne suffit pas. Ils estiment que les mentalités et les stéréotypes sur les asiatiques n’ont pas tant évolué.
Tamara Lui est présidente de l’association « Chinois de France – Français de Chine » et membre du collectif « Stop aux violences », et elle est aussi partagée. « Il y a eu des actions, des réunions, des discussions, et des prises de conscience depuis deux ans, reconnait-elle. Mais pour autant, le résultat n’est pas visible ! La peur reste bien présente ».
Source : francebleu.fr
- Date: 15 juin 2018
- Média: France Bleu
- Auteur: Fanny Bouvard
- Catégorie: Articles de presse