Actualité juridique pénale
Portrait de Christian Saint-Palais
Au procès des attentats de janvier 2015, Christian Saint-Palais défend, avec sa consœur Daphné Pugliesi, l’accusé Amar Ramdani, proche d’Amedy Coulibaly. Parmi les meilleurs pénalistes de sa génération, il est aussi le président de l’Association de défense des avocats pénalistes (ADAP) depuis 2016.
Avec un tel patronyme, on aurait pu le croire prédestiné à arpenter les palais de justice. Avec l’élégance discrète dont il ne se départit jamais, son éloquence dans les prétoires, on aurait pu le croire issu d’une lignée de magistrats ou de grands avocats pénalistes. Mais il y a ce petit accent, dont on ne sait s’il s’est accroché par souci de ne pas oublier ses racines ou par plaisir à détoner dans un milieu souvent trop parisien. Consciemment ou pas. Peut-être ni l’un ni l’autre, peut-être les deux.
Ce petit accent, donc. Béarnais. Qui révèle que celui qui évolue aujourd’hui avec tant d’aisance dans le cercle fermé des grands pénalistes, a un jour été un jeune homme de vingt et quelques années, monté à la capitale pour y rejoindre Marie, son épouse, alors à ses débuts d’une carrière de chanteuse lyrique.
Instituteur en CP
“Ma mère disait toujours : dans une autre famille, Christian serait devenu avocat”, sourit Me Saint-Palais, depuis le fauteuil de son cabinet du boulevard Saint-Germain, dans le 6e arrondissement de Paris. Et il faut dire qu’elle a un temps eu raison. Car Christian Saint-Palais a d’abord été instituteur. Dans les pas d’une arrière-grand-mère. Mais bien loin de ceux de ses parents et grands-parents, agriculteurs, à la tête d’une exploitation de 40 hectares dans la petite commune à l’habitat dispersé de Piets-Plasence-Moustrou, dont la page internet de la mairie nous apprend qu’elle compte aujourd’hui 140 habitants.
“Notre vie était très solitaire. Il n’y avait pas beaucoup d’échanges et donc ça favorise l’imaginaire pour ceux qui y sont sensibles et ont des prédispositions pour ça”, se souvient Christian Saint-Palais. Alors il lit, beaucoup. Des livres que ses parents lui achètent spécialement. Il aime aussi à se produire devant un public imaginaire : tantôt curé, tantôt chanteur, tantôt avocat pénaliste, une couverture en guise de robe, avec pour unique référence l’émission “Messieurs les jurés”, qui débute en 1974 sur la 2e chaîne de l’ORTF.
Très vite, vers l’âge de 12 ou 13 ans, “mon père m’a amené voir des assises parce que je le demandais. J’ai vu des réquisitions de peine de mort.” Néanmoins, le bac en poche avant même d’avoir 17 ans, c’est l’école normale de Pau que rejoint Christian Saint-Palais et y rencontre celle qui est aujourd’hui son épouse et mère de leur fils Hector, 24 ans. S’ensuivent trois ans de formation d’instituteur pendant lesquels “on faisait beaucoup de remplacements dans la région”. Puis un premier poste en cours préparatoire. Mais “je me suis présenté à l’inspection académique l’avant-veille de la rentrée et j’ai demandé un mi-temps”, explique le pénaliste. “Je ne voulais pas m’enfermer dans une vie dont je pensais que, même si elle pouvait me plaire, elle ne me comblerait pas.”
Date: 11 Décembre 2020
Titre: France Inter
Auteur: Jean-Michel Décugis
Photo: AFP/Joël Saget
Catégorie: Actualité juridique pénale